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Mme S est malvoyante depuis peu de temps et très affaiblie par sa maladie. Très angoissée, elle vit mal son arrivée dans la Clinique de la Défense.

 Lorsque j’arrive dans la chambre, Mme S est dans un état de détresse et de panique très fort.

Je propose une petite séance pour l’apaiser. « Mais je ne vois pas ! Je ne peux rien faire,  rien »  me dit-elle.

Je propose à Mme S de se souvenir d’un paysage, d’un lieu qu’elle aime, nous fermons les yeux. C’est une forêt. Je guide sa promenade virtuelle en faisant appel à ses sens. Imaginer les bruits des pas dans les feuilles, le vent sur la peau. Pleut-il ? Y a-t-il du soleil à travers les branches ?  Peut-on sentir une petite odeur d’humus ou de fleur sauvage ? 

J’ai dans mon charriot d’art-thérapie une boite avec des matières et des textures. Assise dans son fauteuil, Mme S touche, découvre et dispose sur sa tablette devant elle  les éléments que je lui tends : un papier de soie à la texture craquante et légère, une cartonnette lisse et rigide, un morceau de papier de chocolat épais et moelleux, une feuille d’arbre.

Puis je propose une feuille de papier, avec les mains. Mme S prend la mesure de la feuille, en caressant son contour, sa surface. Elle reprend alors les différents éléments qu’elle avait explorés par le toucher et les dispose de manière à créer une composition : « C’est comme un tableau » dit-elle.

Mme S est calme, fatiguée par sa promenade créative, mais apaisée par cette petite parenthèse qui lui fera prendre conscience de ce que peut lui apporter la prise en charge par la clinique et par les soins de support.